• The Secret Rose

    	Far off, most secret, and inviolate Rose,   
    Enfold me in my hour of hours; where those
    Who sought thee in the Holy Sepulchre,
    Or in the wine vat, dwell beyond the stir
    5 And tumult of defeated dreams; and deep
    Among pale eyelids, heavy with the sleep
    Men have named beauty. Thy great leaves enfold
    The ancient beards, the helms of ruby and gold
    Of the crowned Magi; and the king whose eyes
    10 Saw the Pierced Hands and Rood of elder rise
    In druid vapour and make the torches dim;
    Till vain frenzy awoke and he died; and him
    Who met Fand walking among flaming dew
    By a gray shore where the wind never blew,
    15 And lost the world and Emer for a kiss;
    And him who drove the gods out of their liss,
    And till a hundred morns had flowered red,
    Feasted and wept the barrows of his dead;
    And the proud dreaming king who flung the crown
    20 And sorrow away, and calling bard and clown
    Dwelt among wine-stained wanderers in deep woods;
    And him who sold tillage, and house, and goods,
    And sought through lands and islands numberless years,
    Until he found with laughter and with tears,
    25 A woman, of so shining loveliness,
    That men threshed corn at midnight by a tress,
    A little stolen tress. I, too, await
    The hour of thy great wind of love and hate.
    When shall the stars be blown about the sky,
    30 Like the sparks blown out of a smithy, and die?
    Surely thine hour has come, thy great wind blows,
    Far off, most secret, and inviolate Rose?




     








    The Secret Rose





     








    William Butler YEATS (1865-1939).
    The Wind Among the Reeds. 1899.




     

    La Rose Secrète




     









    Lointaine, le plus souvent secrète, et intangible Rose,
    Étreins-moi dans mon heure suprême ; là où ceux
    Qui furent en ta quête dans le Saint Sépulcre,
    Ou dans le caveau à vin, demeurent au-delà de l'agitation
    5 Et du tumulte des rêves déçus ; et au plus profond
    Des pâles paupières, lourdes de ce sommeil
    Que les hommes nommèrent beauté. Tes grandes feuilles embrassent
    Les barbes séculaires, les heaumes de rubis et d'or
    Des Mages couronnés ; et de ce roi dont les yeux
    10 Virent les Mains Percées et la Croix d'une ancienne élévation
    Dans une vapeur de druide elles en obscurcissent les flambeaux ;
    Jusqu'à ce qu'éclatât une vaine frénésie et qu'il ait trépassé ;
    Et lui qui a rencontré Fand+ qui marchait dans ce flamboiement de rosée
    Sur un rivage gris où jamais le vent n'a soufflé,
    15 Et qui a perdu le monde et Emer+ pour un baiser ;
    Et lui qui a mené les dieux hors de leur liesse,
    Et jusqu'à l'éclosion de maintes aurores pourpres,
    Festoya et pleura les tertres de ses morts ;
    Et le fier roi rêveur jeta au loin sa couronne
    20 Et sa peine, et convoquant barde et bouffon
    Demeurés parmi les vagabonds avinés des forêts profondes ;
    Et lui qui vendit fermage, maison, et biens,
    Et chercha à travers la lande et les îles d'innombrables années,
    Et finit par trouver, en riant et pleurant,
    25 Une femme d'une si radieuse beauté,
    Que les hommes battaient le grain à minuit à la lueur d'une boucle,
    Une petite boucle de cheveux dérobée. Moi aussi, j'attends
    L'heure de ton grand vent d'amour et de haine.
    Quand les étoiles seront-elles soufflées d'un côté à l'autre du ciel,
    30 Comme des étincelles hors d'une forge, et qui meurent ?
    Sans doute ton heure est-elle venue, ton grand vent souffle,
    Lointaine, le plus souvent secrète, et intangible Rose ?



    Le Vent dans les Roseaux.


     

    + Dans la mythologie celtique irlandaise, Emer est la fille de Forgall Manach (le rusé), roi de Meath, son nom signifie « ambroisie ». Après avoir été l'épouse de Manannan Mac Lir, elle devient celle de Cuchulainn non sans difficultés, son père l'ayant promise à un autre ; le héros est expédié en Écosse, avec son ami Ferdiad, chez la magicienne Scathach durant toute une année, et à son retour il doit attaquer la forteresse de Forgall et enlever Emer. Dans le récit Serglige ConCulaind on la voit, poussée par la jalousie, partir avec cinquante servantes munies de couteaux pour tuer la maîtresse de son mari, Fand (l'épouse de Manannan). Finalement elle pardonne et un druide lui fait boire le breuvage d'oubli.

    Traduction libre & approximative : lenomdelarose.  


  • Commentaires

    1
    Lundi 11 Septembre 2006 à 13:47
    ...
    La rose à notre coeur, écarte toutes épines de notre bonheur, ses effluves sont autant de senteurs qu'il n'est de sentiments dans le coeur des filles... merci pour ces jolies textes qui ont fait quelques instants de mes rêves, un voyage celtique...
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